« 10 salles, 40 murs, 1059 m2 » : c’est sous ce titre mathématique que le Musée d’art de Lucerne présente jusqu’au 18 juin 2017 une exposition dédiée à l’artiste vaudoise Claudia Comte.

L’apparente sévérité de l’affiche est trompeuse ! C’est bien l’humour qui sert de fil rouge à cette présentation des différents modes d’expression de cette créatrice formée à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL, Bachelor en 2007) et à la Haute école de cette même ville (Master en Arts visuels en 2010).

Pour présenter en personne ses œuvres au public lucernois, Claudia Comte a pris place sur l’une des trois balançoires suspendues dans la première salle d’exposition. Les sièges en chêne parfaitement poncés proviennent de la forêt du pied du Jura, là où l’artiste a grandi et a appris à manier la tronçonneuse, son outil de prédilection en matière de sculpture. De ces troncs, elle a aussi tiré des cactus géants – nommés d’après des membres de sa famille et de ses assistants – ou de curieuses formes saucissonnées, reproductions surdimensionnées de petits boudins de pâte à modeler qui portent l’empreinte des doigts de l’artiste.

Claudia Comte affectionne aussi le marbre, du beau marbre portor qui lui a inspiré de magnifiques « donuts » tout lisses ou des oreilles de lapin. Dans le registre tridimensionnel, l’artiste vaudoise a aussi détourné des pièces aéronautiques de leur fonction première pour en faire de grands tableaux géométriques ou des compositions évoquant des masques africains.

Lorsque Fanni Fetzer, directrice du musée lucernois, a approché Claudia Comte, celle-ci a affirmé sans hésiter vouloir occuper l’ensemble des dix salles disponibles. Mais pas question de s’y installer deux mois durant pour la mise en place de l’exposition, lui a rétorqué la curatrice. Avec la collaboration de l’équipe du musée, Claudia Comte a donc monté en un temps beaucoup plus court sa plus grande installation individuelle présentée à ce jour. Celle-ci réunit un large panorama des différentes techniques prisées par cette artiste qui a pour références l’expressionnisme abstrait, l’Op art, le Pop art et l’Art concret.

Claudia Compte aime le système et les règles, comme en témoignent les zigzags, les rayures et autres portées musicales peintes ou collées à même les 40 parois du musée. L’artiste s’est aussi amusée à jeter contre le mur des œufs remplis de peinture ou à y apposer d’amusantes petites figures et des onomatopées issues du monde de la bande dessinée. Sur ces mêmes surfaces verticales, elle y a rajouté des tableaux modulaires, développés pour partie avec d’immenses pinceaux conçus sur mesure. D’autres toiles – comme les « Cocktails Paintings » inspirées de boissons alcoolisées – ajoutent quelques touches de couleur à cette exposition qui se décline largement en noir et blanc.

La visite des dix salles suscite l’amusement, l’étonnement, le vertige presque. Surtout lorsque la balançoire prend de la hauteur ! L’art de Claudia Comte peut se regarder sous différentes perspectives. Allez donc y définir la vôtre ou laissez-vous guider lors d’une prochaine visite guidée.

 

  • Claudia Comte : 10 Rooms, 40 Walls, 1059 m2
    jusqu’au 18.06.2017 au Kustmuseum Luzern (Europaplatz 1, 6002 Luzern, ouvert du mardi au dimanche de 11 à 18 heures, le mercredi de 11 à 20 heures)
  • Nombre de visites guidées (dont le 23.04 à 11h, en allemand!) et de manifestations sont proposées durant toute la durée de l’exposition.
  • L’artiste sera présente pour une performance (Do Do That Voodoo That You Do So Well), mercredi 03.05 à 18h.
  • Une publication consacrée à Claudia Comte paraîtra dans le courant de l’exposition. Un livre consacré aux travaux graphiques de Claudia Comte vient aussi de paraître aux éditions Patrick Frey.
  • Le café attenant au Musée d’art de Lucerne propose à ses visiteurs une large sélection de journaux et de revues à lire sur place, notamment deux revues d’art en français : Accrochages et L’Œil.
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